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Le non remboursement des prélèvements sociaux pour les non-résidents hors Union européenne confirmé par la CJUE.

 

La Cour de justice de l’Union européenne vient de rendre une décision selon laquelle une personne de nationalité française mais ne résidant pas dans l’EEE (Espace Economique Européen) ou en Suisse, restait redevable des prélèvements sociaux (CSG principalement) sur ses revenus du patrimoine. Cette affaire fait suite à l’arrêt « de Ruyter » du 26 février 2015.

 

I. Rappel.

  • L’arrêt « de Ruyter ».

La législation européenne pose le principe d’unicité de régime de protection sociale pour tous les résidents de l’Union européenne. Chaque contribuable ne peut bénéficier que d’un seul régime de protection sociale. Même dans la situation où il perçoit des revenus de différents Etats membres de l’Union européenne. Entre 2012 et 2014, la France a instauré des prélèvements sociaux pour les non-résidents français sur leurs revenus du patrimoine de source française (revenus fonciers, plus-value immobilière, etc.).

La CJUE, dans son célèbre arrêt « de Ruyter » du 26 février 2015, avait considéré que ces prélèvements constituaient des cotisations sociales et non des impôts. L’institution européenne avait en conséquence déclaré non-conforme cette disposition au droit européen. L’Etat français avait ainsi dû rembourser ces prélèvements sociaux sur demande sur la période 2012-2014 à tous les contribuables concernés.

Afin de se conformer à cette décision et de continuer à soumettre les non-résidents aux prélèvements sociaux, l’Etat a assuré depuis le 1er janvier 2016, un reversement des recettes des prélèvements sociaux vers le Fonds de solidarité vieillesse. C’est-à-dire une affectation hors du régime général de la Sécurité sociale. Ces nouvelles dispositions pourraient également à l’avenir faire l’objet de contestations. En effet, le lien avec la Sécurité sociale (et donc la qualification de cotisation sociale) pourrait être considéré comme subsistant.

 

 

II. Les prélèvements sociaux des non-résidents hors UE.

Par la suite, le Gouvernement de l’époque avait annoncé, par réponse ministérielle que les remboursements réalisés ne s’appliqueraient qu’aux personnes résidentes dans un autre Etat membre, et non aux résidents hors Union européenne. Le Conseil constitutionnel a validé cette position dans une décision rendue le 9 mars dernier (décision n°2016-615 du 9 mars 2017).

C’était donc désormais au tour de la CJUE de statuer sur ce type de demande. Notamment pour le cas d’un français résidant en Chine, donc hors Union européenne. Ce dernier a été soumis aux prélèvements sociaux sur des revenus du patrimoine de source française sur la période 2012-2014. La CJUE a confirmé la position du Conseil constitutionnel. Elle a estimé qu’un non-résident hors Union européenne ne pouvait se prévaloir du principe européen d’unicité du régime de protection sociale.

La Cour de justice de l’Union européenne a estimé que l’Etat français était en droit de prélever des prélèvements sociaux aux Français travaillant hors de l’Union européenne. Mais les contestataires estiment avoir d’autres angles d’attaque.

Pour en savoir un peu plus à ce sujet, n’hésitez pas à consulter notre article détaillé sur les prélèvements sociaux des non-résidents.

 

 

III. Suite et autres recours possibles.

Ce jugement laisse toutefois la porte ouverte à de nouveaux recours.
En effet, cette décision scelle le sort des Français travaillant hors de l’Union européenne. Mais qu’en est-il des ressortissants non-européens, qui restent taxés sur des revenus en provenance de France ? C’est un point intéressant sur lequel il faut continuer d’insister.

Il est également important de rappeler qu’afin de contourner la décision de la CJUE de 2015, et se remettre à ponctionner des prélèvements sociaux aux non-résidents, la France a modifié la règle en 2016 en affectant ces prélèvements à des organismes « non contributifs », c’est-à-dire ne servant pas de prestations en contrepartie des impôts perçus.
Nous estimons que cela reste contestable et qu’il est nécessaire de dénoncer ce tour de passe-passe.

Dans cette affaire, il est évident que le combat fiscal n’est pas encore terminé, il faut désormais penser aux prochaines contestations envisageables dans le cadre de ce contentieux.

 

 

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